We Love Green 2024, une nouvelle édition record

Aux côtés de Marvellous Island, Cercle ou Madame Loyal, We Love Green offre comme chaque année la possibilité au public électro francilien de lancer les hostilités de la saison estivale des festivals.

Au menu de cette édition 2024 au Bois de Vincennes, une programmation diversifiée et une ambiance chaleureuse malgré un climat « à l’anglaise » qui n’était pas sans rappeler l’édition 2022! Mais un véritable melting-pot de plus de 100 000 festivaliers venus explorer les différentes propositions du festival qui célébrait cette année les 10 ans du format Think Tank, transformé en une véritable scène accueillant plus de 1 000 personnes. Un laboratoire d’idées à ciel ouvert, décoré par Tamaya Sapey-Triomphe, qui a rendu hommage aux 10 ans d’engagement et aux 250 intervenants déjà accueillis.

Une ambiance comme à la maison

C’est toujours un plaisir de revenir du côté de Vincennes pour cet événement qu’on apprécie tout particulièrement. Ce cadre en pleine forêt, entouré de verdure, est exceptionnel. En effet, le festival permet une expérience plutôt inédite non loin de la capitale française.

Pour pousser le côté vert encore plus loin, We Love Green accentue sa communication et son parti pris sur les questions du développement durable ainsi que des sujets adjacents. Un exemple tout bête, mais la restauration sur place, en plus d’offrir une diversité impressionnante de produits, est entièrement végétarienne. Les produits sont de qualité et surtout, proviennent de la région. 

Une chose qui nous a toujours marqués avec We Love Green, c’est son organisation exemplaire. Et même si c’était toujours plus ou moins le cas cette année, le samedi nous a parfois semblé plein à craquer. Alors est-ce un effet de ce mélange entre la météo maussade, la boue omniprésente et l’humidité ambiante, mais cette sensation de foule plus compacte que les autres années nous a quelque peu titillés. Malgré tout, on félicite une nouvelle fois les organisateurs ainsi que le public présent qui a participé à une ambiance globale très appréciable tout au long de l’événement.

Une programmation aux petits oignons

La programmation de cette année, mise en image par un sublime visuel, s’est inscrite dans la lignée des précédentes avec une programmation plutôt light en électro sur le vendredi dominé par les têtes d’affiches Rap et Afro (Burna Boy, Ninho, Hamza et Shay) tandis que les deux jours suivants annonçaient un casting alléchant avec une stage électro LALALAND toujours riche en profils alternatifs et émergents tandis que Justice, Kaytranada, L’Impératrice et Peggy Gou voyaient leur statut (et leur setup live pour deux d’entre eux) les amener à se produire sur des scènes généralistes plus imposantes.

Parmi les grandes lignes de la programmation à retenir sur la LALALAND, un accent UK avec les performances de Chase & Status, Sherelle, Four Tet, Logic1000 ou Skepta en DJ Set ainsi qu’un finish 100% French Touch avec le closing Etienne de Crecy B2B Boombass B2B DJ Falcon.

3 prestations qui nous ont marqués

JUSTICE

Très attendus pour leur première en France et premier weekend Européen (avec une performance la veille au Primavera Sound de Barcelone qui partageait une partie conséquente de la programmation We Love Green: Justice, Peggy Gou, L’Impératrice, SZA, Omar Apollo ou Troye Sivan) Gaspard Augé et Xavier De Rosnay ont dévoilé en grande pompe l’impressionnant live show « HYPERDRAMA » au public parisien venu en nombre observer la tête d’affiche principale du festival en closing de la mainstage le samedi.

Si certains curieux (dont nous faisons partie) avaient pu se faire une idée du rendu en jetant un œil aux captations du show à Coachella et au Mexique plus tôt ce printemps, l’effet produit par la production du live 2024 de Justice n’en fut pas moins un choc tant il excelle dans ce registre si singulier qu’a su tisser le duo au fil des années.

A l’image des sonorités de l’album, le show, sur ses aspects visuels ou musicaux, comprend peu de chamboulements par rapport à ses versions antérieures mais s’impose plutôt avec brio comme la version la plus poussée, soignée et aboutie du concept travaillé par Justice.

Au cours des 1h15 de show, on aura eu le plaisir de découvrir une dizaine de tableaux visuels d’une grande variété et d’une pureté maximale, portée par une scène délestée des habituels murs d’amplis ou de la croix géante, mais désormais uniquement composée de panneaux lumineux qui auront livré à We Love Green une pluie de lumière façon feu d’artifice stellaire et un plafond inclinable de flashs stroboscopiques qui enfermait régulièrement le duo comme dans un caisson.

Chaque tableau est ainsi venu accompagner les différents mashups mettant en valeur la discographie désormais riche du groupe, faisant cohabiter les différentes « eras » du duo avec un accent logiquement porté sur « Hyperdrama » et ses titres les plus saillants pour le live à l’image de « Generator », « Incognito » et des deux collaborations avec Tame Impala. Tout au long de la performance, les icônes françaises ont joué avec les nerfs du public, alternant parfaitement les silences, break émotionnels et build-up musclés, de l’électro nostalgique de la French Touch au gabber abrasif.

KAYTRANADA

Il était attendu, on l’attendait, il est venu, il a vaincu. Kaytranada à Paris, c’est toujours un petit phénomène. Depuis plus de 10 ans maintenant, le Montréalais s’est construit une véritable communauté dans la capitale française. Une communauté de tous les horizons et qui s’est une nouvelle fois montrée très présente pour son passage pour cette édition 2024 de We Love Green. Son dernier véritable show solo parisien date maintenant de 2022 (sans compter la première partie du concert de The Weeknd l’an passé), et on en gardait de merveilleux souvenirs. On était donc impatient de retrouver Louis Kevin Celestin (de son véritable nom) dans l’hexagone. 

Quelques jours avant le festival, Kay dévoilait la date de son tant attendu troisième album solo, « TIMELESS ». Un album qui annonçait une nouvelle ère, faisant suite à « BUBBA » et ses deux Grammy Awards. La pression était donc de mise pour le producteur de « 10% ». Cette date à We Love Green était l’occasion pour le Québécois de dévoiler quelques tracks de ce nouvel opus en exclusivité. Et bien quel régal ce fut ! Durant un peu moins d’une heure et demie, Kaytranada a envoûté le public venu en masse sous le chapiteau de la Clairière.

@djuliaher / @mathieufoucher

Quand on évoquait une communauté de tous les horizons quelques lignes plus haut, on l’explique du fait que cet artiste est au carrefour de plusieurs influences majeures. Rap, Rnb, Soul, Funk, House ou encore Disco, Kaytranada a su mettre tout le monde d’accord à travers un univers absolument unique sur la scène musicale moderne. Un éclectisme dans le public que l’on retrouve donc dans la musique de ce petit bonhomme qui ne cesse de nous charmer.

Le DJ set était une parfaite représentation de sa musique avec un mix subtil entre ses diverses releases perso, des remix peu connus ou encore ses plus gros classiques comme « YOU’RE THE ONE », « LITE SPOTS » ou  « Intimitaded ». Outre sa musique, ce qui marque lors d’un show de Kaytranada, c’est avant tout sa présence scénique. Véritable showman dans l’âme, il n’hésite pas à sortir 3 ou 4 petits pas entre deux transitions rendant le public complètement hystérique (nous y compris). Un charisme qui fait son effet puisque l’heure et demie passe en un claquement de doigts, au point de le public en réclame encore et encore. 

@maxime_chermat

Skin On Skin

La scène Lalaland a souvent été le théâtre de sets marquants au cours de ces dernières années. Jayda G, Partiboi69 ou encore Skrillex l’an passé, on garde de très bons souvenirs sous cette superbe scène. C’était encore le cas cette année avec un line up une fois de plus très costaud. Skepta, Four Tet, Anetha, Chase & Status ou encore Skin On Skin, des noms actuels finement sélectionnés par les programmateurs du festival.

En plus de Kaytranada et Justice, la prestation de Skin On Skin nous a particulièrement plu. Pour ceux à qui ce nom ne dit rien, ce jeune australien a très rapidement conquis les fans de musique électronique à travers le monde mais aussi les plus gros artistes actuels. Skrillex, KETTAMA ou encore Fred again.. tous font appel aux services du producteur de « Burn Dem Bridges » pour divers B2B à travers la planète.

C’est grâce notamment à un univers mélangeant parfaitement une techno agressive, une house made in UK et des sonorités hip-hop pleinement assumées. C’est d’ailleurs sur le label Steel City Dance Discs que SOS a fini par exploser aux yeux du monde. Après une tournée mondiale à guichet fermé, le petit protégé de Mall Grab a fini pas poser ses valises (littéralement) sur le sol parisien. 

Comme à son habitude, Skin On Skin aura dévoilé un set alternant house bien rapide et techno galopante anglophone. En passant après Four Tet, le boss de Stay On Sight devait faire bonne figure. Alors que son prédécesseur n’hésitait pas à lâcher les chevaux à base de grosse Jungle et Break bien fatos, SOS n’est pas redescendu en pression. Un set calibré à la hauteur des attentes. Puissant et progressif à la fois, Skin On Skin a montré une fois de plus que la scène australienne actuelle possède de sérieux talents.

Vivement 2025 !

@anthonyghanassia / @karlhab

Mention spéciale également pour le set de Peggy Gou, qui malgré une puissance sonore insuffisante (comme pour Kaytranada), a réussi a embarqué le public dans l’univers de la Coréenne. En jouant ses tubes, mais également des productions beaucoup plus underground qui flirtent toujours avec une techno sophistiquée, Gou a su adopter la Clairière via une justesse musicale à son image. Une belle conclusion pour un festival qui nous tient vraiment à coeur.

WeLoveGreen s’impose, année après année, comme un événement incontournable pour les amateurs de musique en tout genre. Les organisateurs parviennent chaque fois à offrir une programmation éclectique et innovante, réunissant des artistes de renom et des talents émergents, le tout dans un cadre exceptionnel à quelques minutes de Paris. Revenir sur les terres du bois de Vincennes est toujours un plaisir renouvelé, tant pour la qualité des prestations que pour l’ambiance qui y règne.